Renaud est propriétaire du Fort depuis le mois de novembre 2004.
Depuis maintenant dix neuf ans, au rythme des saisons, les travaux se sont succédés. Sans entrer dans les détails, voici un petit échantillonnage des gros travaux réalisés.
Première année (2005) :
Grand nettoyage de tout le fort ; extérieur et intérieur.
Jean Roux avait enterré autour du fort, et depuis 30 ans, tous les déchets de la vie courante et moins courante (frigo, machines à laver, voitures, batteries, bouteilles, ferrailles, pneumatiques…).
Quatre énormes trous creusés avec le tractopelle étaient remplis. Le travail a consisté à tout sortir, tout trier, mettre sur la remorque, et descendre jeter à la déchetterie de Barcelonnette.
En même temps, nous avons rassemblé toutes les pierres taillées en marbre éparpillées autour du fort, ainsi que les ferrailles qui servaient notamment de barrières pour le pont-levis.
A l’intérieur, c’était des armoires pleines de livres, magasines divers, vêtements mangés par les loirs, etc.
Cette année de mise en route nous a aussi permis d’organiser un plan des priorités pour les années futures.
Deuxième et troisième années (2006-2007) :
Réparation du mur d’enceinte côté nord qui menace soudainement de s’effondrer.
Mise hors d’eau de l’ensemble des bâtiments du fort.
Nous avons cassé et nettoyé les dalles en bétons détruites par le gel et dégel depuis que le toit sommaire en tôles s’était envolé avec les vents violents 4 ans auparavant.
Nous avons emmené une grue jusqu’au fort pour acheminer le béton sur les toits.
Avons refait des dalles ferraillées et enduire tous les murs pour faire des surfaces lisses capables d’accueillir l’étanchéité en goudron bicouche.
Nous avons donc réparé et étanchéifié plus de 900m² de toitures sur les différents bâtiments.
Quatrième année (2008) :
Création d’un assainissement conforme aux dernières normes en vigueur.
Confection de trous pour enterrer 2 fosses sceptiques de 5 et 7m3 ainsi que 2 systèmes d’épandages verticaux. Le fort étant construit dans sa majeure partie sur le rocher, le marteau piqueur a bien fonctionné.
Cinquième année (2009) :
Remise en état de la piste d’accès aux sources suite à l’énorme avalanche qui est partie du poste optique à 2526m d’altitude, et qui est allée jusqu’à l’Ubaye 1300m plus bas ; emportant tout sur 150m de large.
Acheminement au fort avec un camion des agrégats nécessaires à la confection des différentes dalles en bétons (environ 100 tonnes de mélange à béton).
Année de début de rénovation de la caserne en ce qui concerne les maçonneries afin de préparer les futurs gîtes ruraux.
Création du jardin et mise en place de la serre pour avoir des légumes frais…au mois de septembre !
Sixième année (2010) :
Ré ouverture des arcades des trois casemates fermées par Jean Roux. En effet, la grande casemate à canon était à l’origine fermée côté sud par des portes en bois identiques à celles de la casemate du bas. Jean les avait condamnées par un montage de briques (et de broques !) habillées partiellement par des pierres ce qui le privait de l’ensoleillement côté sud et ouest ainsi que de la vue sur la Vallée de l’Ubaye.
La casemate à canon du bas était fermée par des planches qui occultaient l’embrasure de tir côté Vallon de Restefond.
La casemate logement des officiers était elle aussi fermée par des pierres du côté de Restefond.
L’idée était donc de remettre les ouvertures en état, rafraîchir les voûtes en pierres en les sablant avec de la grenaille de verre pour accueillir 4 baies vitrées en aluminium afin de créer une homogénéité dans les ouvertures.
Septième et huitième années (2011-2012) :
Rénovation des deux premiers gîtes dans la caserne afin de pouvoir commencer à les utiliser, si tout va bien, dans le courant de l’année 2013.
Huit années de travaux qui sont à mettre au crédit d’un groupe de travailleurs indéfectibles, et de soutiens ponctuels efficaces lors des gros chantiers sans lesquels nous n’en serions pas où nous en sommes aujourd’hui. Sans vouloir faire de liste exhaustive, René (le père de Renaud), Betty (la mère), Marie José, Bernard, Josette, Julien, Marco, Miguel, Sylvain, Louis, les Dominique, Joëlle, Jean, les Michel, les Marie, Alain, Cathy, Hélène, Renée, les Guy, Dino, Geneviève, André, Véronique, François, Annie, Cécile, Pierre, Marie Claude, Jean Pierre, Lionel, Béatrice, Jean Paul, Solange, Nicole, Danièle, Delphine, et tout ceux qui ont, de près ou de loin, contribué à ce que cette aventure puisse prendre sa forme actuelle.
La plus belle des récompenses serait maintenant que le fort commence enfin sa nouvelle vie…
Il est à noter que depuis le début des travaux nous vivons alternativement dans une petite partie de la caserne aménagée sommairement (un poil mieux que ce qu’avait Jean Roux), et dans une caravane plus facile à chauffer pendant les périodes froides où l’eau de la source n’est plus disponible au lavoir à cause du gel (environ 7 mois de l’année).
Pour ajouter quelques précisions, beaucoup peuvent s’interroger sur les motivations qui nous ont amenées à nous engager dans une telle aventure. En effet, pour en revenir au début en 2004, Renaud a été contraint de vendre sa maison de Digne les bains pour pouvoir acheter le fort, il a continué à travailler sur Digne à la Direction Départementale de l’Equipement (DDE) pendant quelques années à temps partiel ; puis, suite à la reprise du Parc à matériels par le Conseil Général, ce dernier a refusé de prolonger ce temps partiel. Renaud a donc décidé depuis le mois de juillet 2011 de démissionner pour se consacrer exclusivement au fort. Évidemment, toutes les économies partent dans ce projet un peu fou, et nous en revenons aux fondamentaux nécessaires à la vie : boire, manger et avoir un toit.
Pour synthétiser, c’est essentiellement un choix de vie qui privilégie la qualité à la quantité dans un monde de stress et de surconsommation.
La liste des travaux à venir serait trop longue à énumérer, et même infinie. En effet, une telle entreprise pourrait ne pas avoir de terme et nous occuper jusqu’à la fin de nos jours. Encore deux ou trois vies…après on verra !